Serge-Olivier Rondeau

Je suis candidat au doctorat à l'École d'études sociologiques et anthropologiques de l’Université d’Ottawa. Ma pratique de recherche-création croise les arts médiatiques et l'ethnographie expérimentale.

Ressources
Film



99. min, HD, 2021

L’industrie de la viande enrôle un grand nombre d’êtres vivants dans des logiques de standardisation et de production de masse pour optimiser son rendement.

Dans un organisme communautaire d’aide à l’emploi, des demandeurs d’asile se font offrir un travail dans des usines d’abattage qui leur permettra de recommencer une vie qu’ils ont dû abandonner abruptement. Dans une ferme d’élevage, vaches, cochons et agriculteurs sont soumis au rythme d'un modèle agricole industriel. Dehors, seuls les plants de maïs qui servent à nourrir les animaux transpercent l’aridité d’un sol désertique. Ressources s’intéresse aux conditions d’existence d’humains, d’animaux et de végétaux liés entre eux par la chaîne de production et de transformation de viande. En suivant différents acteurs captés par cette chaîne, le film observe un état de précarité partagé au-delà des frontières de l’espèce.
Coréalisé avec Hubert Caron-GuayDistribution : Les Films du 3 Mars
Grand National
Film + Livre photo





21:10, HD, 2021

Le Grand National qui a lieu à l’exposition agricole de Saint-Hyacinthe est l'évènement de tire de camions et de tracteurs le plus important au Canada. Pendant trois jours, devant 20 000 spectateurs et spectatrices, plus de soixante compétiteurs de partout en Amérique du Nord s'affrontent pour ne gagner presque rien d'autre que les applaudissements de la foule. Développés à l’origine par des agriculteurs pour tester la puissance de leurs chevaux, les concours de tire de charge sont associés depuis leur création à la réalité du travail rural et à celui des classes populaires qui forment la majorité du public. Avec la motorisation de l’agriculture, c'est maintenant la connaissance approfondie de la mécanique qui a remplacé celle de l’animal. Cette expertise des concurrents est mise à l’épreuve dans une compétition de sport motorisé où la force est exaltée, le bruit assourdissant, l’odeur celle du diésel et du parfum de fruit qu'ils ajoutent au carburant méthanol. Le film Grand National suit l’expérience d’un des compétiteurs au milieu de cet évènement marquant du monde agricole nord-américain dans lequel on peut observer les liens étroits qui se tissent entre humains et machines.

Le film est distribué par Spira

Le livre a été fait en collaboration avec Stéfanie Vermeersch





À la douce mémoire <3
Installation vidéo (9 canaux)





En collaboration avec Charles-Antoine Blais-Métivier
 

Nous accumulons une foule de détails de notre vie dans les réseaux sociaux, et et il y a lieu de se demander ce qu'il adviendra, après notre mort, de cette énorme quantité de données personnelles stockées sur de puissants serveurs. Cette question suscite des condidérations juridiques et morales. La préservation des comptes de personnes décédées - Facebook, par exemple, ne permet pas de supprimer ces comptes, mais seulement de les convertir en comptes « commémoratifs » - signifique qu'une identité peut survivre au-delà de la disparatition de son corps. Cette « âme virtuelle » suggère la possibilité d'une existence ou d'une immortalité au sein des médias numériques.
Le collectif After Faceb00k a conçu À la douce mémoire (2015), une installation qui présente cette vie après la mort et qui analyse la gestion du deuil dans les réseaux sociaux. Dans cette saisissante simulation d'un cimetière avec ses tombes, les stèles funéraires et les pierres tombales sont remplacées par ces prétendus mégaserveurs qui conservent les moindres détails de notre identité. Des milliers de photos tirées de pages commémoratives se succèdent sur les écrans, des images prises lors de funérailles et dans des salons mortuaires autant que des images à la mémoire du défunt, autrement dit, des restes symboliques qui permettent de « rester en contact » avec l'usager dans l'au-delà. 

Joan Fontcuberta, La condition post-photographique, Kerber photo art, 2015, p. 76



Fractures
Films + installation vidéo (2 canaux) 


En collaboration avec groupeepopee.net
 
Le groupe d’action en cinéma Épopée présente, sous la forme d’une installation intitulée Fractures, les films Insurgence et Rupture. Insurgence porte sur la grande mobilisation sociale de 2012, qui a accompagné la lutte des étudiants pour l’accès à l’éducation, alors que Rupture est composé d’entretiens avec des étudiants blessés et criminalisés pendant cette même grève. Autant les manifestants filmés dans Insurgence font office de pure présence corporelle – une foule diverse, momentanément soudée dans une stase d’expression politique –, autant les étudiants et manifestants des entretiens de Rupture, malgré leur présence à l’écran, sont pure parole. En effet, les visages filmés de près, sur fond neutre, deviennent avant tout des véhicules d’idées. 

Groupe Épopée,  Manif d’art 7 résistance, 2014
Distribué par Videographe

After Faceb00k : world tour
Installations multimédias






En collaboration avec Charles-Antoine Blais-Métivier
 

After Faceb00k est un projet amorcé à Montréal en 2012 par un collectif formé de deux jeunes artistes-chercheurs, dans le cadre d’une résidence au centre des arts actuels Skol. Comme le nom du projet l’indique, il s’agit de penser le réseau social comme un objet historique, voué à disparaitre et qui se doit d’être archivé. Fascinés par la proximité et l’intimité rendues disponibles dans les photographies partagées sur Facebook, les artistes prélèvent des images sur des pages Facebook «publiques» grâce à la capture d'écran à partir d’un profil «sans amis» forgé pour l’occasion, pour ensuite les réorganiser. Les captures d’After Faceb00k montrent tout l’écran; on y voit la photographie partagée dans son milieu, c’est-à-dire le nom de l’individu ayant publié l’image, les métriques d’appréciation, les commentaires, l’adresse URL de la page où a été dénichée l’image, le nom du navigateur web, les différents onglets ouverts, la date et l’heure de la capture ou même le niveau de batterie des ordinateurs portables des artistes. Ces captures d’écran ont d’abord été regroupées par thèmes récurrents sur le site du projet; ensuite, des thématiques spécifiques ont été explorées plus en profondeur et souvent bien ancrées dans la région qui accueille le projet lors d’expositions. Il a donc pris différentes formes au Musée McCord en 2016 et à la ARTsPLACE Gallery à Annapolis Royal en 2015, à Latitude 53 à Edmonton, à SetUp Art Fair à Bologne, au Alternator Centre for Contemporary Art à Kelowna, à L’Écart Lieu d’Art Actuel à Rouyn-Noranda en 2014 et à l’Espace F à Matane en 2013.

Christelle Proulx, l’art et le site, 2015


You can’t change something that’s sick
Vidéo (1 canal)



20:28, HD, 2013

You can’t change something that’s sick est une expérience immersive dans du contenu généré par les utilisateurs des sites web Military, Liveleak et YouTube durant une controverse, entre 2012 et 2013, à propos d'un programme secret d’assassinats « ciblés » par des drones du gouvernement états-unien. Tout le matériel vidéo présenté (vlogs, enregistrement d'écran dans des jeux vidéos, drone footageet leur remix) a été partagé sur ces réseaux socionumériques au cours de cette période et étiqueté avec les mots clefs « drone ».
Mark